Monday, 2 January 2012

54e jour

54 jours de méditation: nous sommes à mi-chemin. Il y a de quoi nous féliciter, et que chacun se remercie du cadeau qu'il se fait, des bienfaits nombreux qu'il apporte à soi-même et à autrui. Mais si le chemin parcouru est impressionnant, il en va de même pour le chemin qu'il reste à faire. Encore 54 jours de méditation avant ce que nous avons décrété la "fin" de cette aventure difficile et merveilleuse.

Ce qui compte, réellement, ça n'est ni le chemin derrière nous, ni celui devant nous. Nous sommes toujours sur le chemin, que nous pratiquons ou non, et chacun des moments futurs dépendent des moments présents. Il importe de profiter pleinement de l'opportunité que nous apporte ce moment même, de nous diriger dans le sens de nos aspirations, sans nous fixer dessus. C'est en étant entièrement présent ici et maintenant que nous y arriverons.

Avalokiteshvara (ou Chenrezig) a fait le vœu d'apaiser la souffrance de tous les êtres, et de ne pas atteindre l'éveil avant que cela soit accompli. L'importance de se concentrer sans mesure sur la tâche est bien illustrée par son histoire (à moins que vous aimez avoir le corps en mille morceaux):
"Puissé-je aider tous les êtres, et, si jamais je me lasse de ce noble travail, puisse mon corps éclater en mille morceaux." On dit qu'il descendit d'abord dans les mondes infernaux, puis remonta progressivement, en passant par le monde des esprits avides, et ainsi de suite jusqu'au monde des dieux. Arrivé là, il jeta un coup d'œil en bas et fut atterré de voir que, bien qu'il eût sauvé de l'enfer un nombre incalculable d'êtres, des être en quantité tout aussi innombrable continuaient de s'y déverser. Cela le plongea dans la désolation la plus profonde; pendant un instant, il perdit presque sa foi dans le noble vœu qu'il avait fait, et son corps explosa en mille morceaux. Dans son désespoir, il appela tous les bouddhas à son secours; ceux-ci accoururent à son aide de tous les recoins de l'univers, telle, nous dit un texte, une douce chute de flocons de neige. Par le grand pouvoir des bouddhas, Avalokiteshvara redevint un et, à partir de ce moment, posséda onze têtes, un millier de bras et un œil sur chaque main signifiant l'union de la sagesse et des moyens habiles, marque de la compassion véritable. Sous cette forme il était même plus resplendissant qu'auparavant et doué d'un pouvoir accru d'aider tous les êtres. Sa compassion gagna encore en intensité tandis qu'il réitérait son vœu en présence des bouddhas: "Puissé-je ne pas atteindre la complète bouddhéité avant que tous les êtres sensible n'aient obtenu l'éveil."
Sogyal Rinpoché (1992). Le livre tibétain de la vie et de la mort.
Éditions de la table ronde: Paris. pp. 698-699.

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