Tuesday, 17 January 2012

69e jour

Rigpa

Aujourd'hui, je voulais parler un peu de rigpa, cette compréhension de notre vraie nature qu'on aperçoit parfois, après beaucoup de pratique, dans la méditation. Éventuellement on peut le percevoir dans tous les phénomènes à tout moment. Mais il est très difficile d'en parler, parce que rigpa est au-delà des mots et de la dualité inhérente au langage.

On sait que les pensées et tout ce qui surgit dans l'esprit ordinaire est éphémère, temporaire. Il n'y a là rien du tout qui ait de la substance ou qui soit réel. Des fois on entend parler de cet esprit ordinaire en le comparant aux vagues sur l'océan: les manifestations apparaissent, durent très peu de temps, et se dissolvent dans l'étendu de l'océan. Rigpa, c'est comme l'océan profond, d'où surgissent toutes les diverses manifestations. Il n'est pas autre que les pensées, mais il n'est pas non plus identique aux pensées.

Je voudrais parler de l'expérience de rigpa, à quoi ça ressemble, ce que sont les sensations qu'on éprouve. Mais il est impossible de faire cela, puisque rigpa est au-delà de toute expérience. Je ne souhaite pas dire par-là qu'il est mieux que tout, qu'il est sublime parmi les expériences possibles sur cette terre. Pas du tout. Il n'est pas question de mieux, puisque les concepts de bon et mauvais sont transcendé. Il n'est même pas question d'expérience personnelle, juste de connaissance. Sogyal Rinpoché (fondateur de Rigpa), nous dit que rigpa est "la connaissance de la connaissance elle-même" (1992, p. 106).

Je peux juste parler en métaphores, pour essayer de m'approcher d'une description adéquate. Rigpa est comme l'océan profond, dans le sens où il est caché par les vagues de l'esprit ordinaire, tout en étant leur source. Rigpa est comme l'espace (regardez le ciel dans l'arrière-plan de ce blog), dans le sens de son immuabilité, de sa vacuité, de son absence de limites. Rigpa est comme le soleil brillant, dans le sens de son impartialité, de son équanimité, de sa non-dualité.

C'est l'esprit ordinaire, les vagues sur l'océan (ou les nuages dans le ciel pour moi et mes voisins aujourd'hui), qui nous empêchent de voir rigpa. Ça ne veut pas dire qu'il n'est pas là. Tout comme l'océan profond (tout comme le ciel et le soleil), il est là. Mais notre vision est fortement obscurcie, et c'est par là qu'il faut donc commencer. Une fois que la surface agitée de l'océan s'apaise, se calme, alors on voit mieux.

Allez voir; vous comprendrez mieux qu'en lisant mes mots.
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Sogyal Rinpoché (1992). Le livre tibétain de la vie et de la mort. La Table Ronde: Paris.

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